Lui et ses sisterships constituent les plus grands porte-conteneurs du monde. Des mastodontes de 400 mètres de long, 59 mètres de large et 73 mètres de haut, avec un port en lourd de 196.000 tonnes et une capacité de 18.000 EVP (Equivalent Vingt Pieds, taille standard du conteneur). Sixième unité du type Triple E, dont la tête de série, le Maersk Mc Kinney-Moller, a été mise en service l’été dernier, le Magleby Maersk, flambant neuf, a fait escale au Havre le 14 avril. Un grand évènement pour le port français, qui accueillait pour la première fois un navire de cette classe.

Une escale découlant d’une rationalisation des services Asie-Europe La visite du géant a été décidée par son armateur, l’armement danois Maersk Line, dans le cadre de l’adaptation de ses capacités au marché. Un ajustement qui a entrainé, en février, l’arrêt de son service AE9 entre l’Asie et l’Europe. Afin néanmoins de continuer à desservir Le Havre, qui était intégré à cette ligne, Maersk Line a décidé de modifier certaines escales de son service AE10, sur lequel sont exploités ses nouveaux Triple E (dont 20 exemplaires ont été commandés et seront tous livrés par les chantiers sud-coréens d’ici la fin 2015). Ainsi, sept escales de ces porte-conteneurs sont pour le moment prévues dans le port normand entre  avril et juillet. Pour la suite, tout dépendra en fait de la mise en place de l’alliance P3, conclue  par Maersk, MSC et CMA CGM, les trois leaders mondiaux du transport maritime conteneurisé. Devant permettre de regrouper une trentaine de lignes sur le marché Asie-Europe, Europe-Amériques et Transpacifique, cet accord, qui a reçu le mois dernier le feu vert des autorités anti-trust américaines, devrait également être validé par l’Europe en vue d’un lancement dans les prochains mois.

Maersk 1

700 boites embarquées et débarquées

Concernant les Triple E, l’escale du Magleby Maersk au Havre a permis d’apprécier l’imposant gabarit de ces navires, dont l’équipage se limite à 22 marins. Amarré à Port 2000, où l’armement danois exploite le Terminal de la Porte Océane (TPO), le Magleby Maersk, qui peut stocker 10 étages de conteneurs en cale et 9 autres en pontée, a embarqué et débarqué quelques 700 boites avant d’appareiller le 15 avril pour repartir vers l’Asie via le port marocain de Tanger Med et le canal de Suez (avec escale à Port Saïd, où il doit arriver en fin de semaine). En tout, les Triple E desservent normalement six ports européens, dont Rotterdam et Bremerhaven, ainsi que huit ports asiatiques, incluant Singapour, Hong Kong, Yantian, Ningbo, Shanghai et Busan.

Efficience, économies d’échelle et Environnement Numéro un mondial du secteur, Maersk, qui aligne actuellement une flotte de 584 porte-conteneurs, a fait le pari des géants de la classe Triple E (Efficacité énergétique, Économie d’échelle, Environnement) dans une optique de rationalisation des coûts et, mécaniquement, de baisse des émissions polluantes. Selon l’armement, il s’agit tout simplement des porte-conteneurs les plus efficients du monde. Dotés d’une carène optimisée, en clair plus ventrue, pour accroître l’emport de boites, les navires disposent non plus d’une unique machine, comme c’est le cas habituellement sur ce type de bateaux, mais de deux moteurs équipés d’arbres ultra-longs. L’objectif est, ainsi, de diminuer la puissance de propulsion requise. La motorisation permet en outre de naviguer en « super slow steaming », avec des vitesses lentes (le navire évolue en moyenne à 13 nœuds) permettant d’économiser du combustible sans encrasser les moteurs. En plus, il existe à bord un système de récupération de la chaleur des gaz d’échappement pour créer de l’énergie supplémentaire et, en définitive, réduire selon la compagnie de 9% la consommation de fuel et les émissions de dioxyde de carbone. Selon Maersk Line, la taille de ces navires permet de diminuer significativement la quantité de carburant utilisée par conteneur transporté, soit dit-elle 50% d’émissions de CO2 en moins par rapport aux moyennes observées sur la ligne Asie-Europe. Source : Mer & Marine