Les transporteurs ont-ils quelque chose à attendre, en matière de taxe PL ou de dumping social, du nouveau secrétaire d’État aux Transports ? Rien nest moins sûr et le bras de fer avec la profession ne fait sans doute que commencer.

La cohabitation entre la ministre d’État Ségolène Royal et le secrétaire d’État aux Transports Frédéric Cuvillier n’aura duré que trois mois. Elle aura été émaillée d’une divergence fondamentale quant à la taxe PL et d’une difficulté réelle à travailler ensemble sur d’autres sujets tout aussi cruciaux. Le maire de Boulogne-sur-mer, qui avait réussi le tour de force de garder son poste d’édile local contre les consignes présidentielles liées au non-cumul des mandats, va désormais pouvoir peaufiner sa carrière nordiste, laissant son bureau à un inconnu tout aussi peu au fait des dossiers que son prédécesseur, lors de sa prise de maroquin mi-2012.

Frédéric Cuvillier : la carte des transporteurs

Pour autant, la situation n’est pas comparable ; quand Frédéric Cuvillier a été nommé ministre des Transports, la concurrence basée sur le dumping social sur la route battait son plein mais n’avait pas atteint le niveau actuel, particulièrement aggravé par un ralentissement économique qui frôle la déflation. La mise en place de l’écotaxe était sur les rails, un décret sur le paiement de la future taxe par les commanditaires du transport avait même été signé entre deux cartons par Thierry Mariani et publié au JO. Frédéric Cuvillier s’est donc, sur les conseils de la FNTR et de l’AUTF, rapidement attaqué à le tailler en pièces et à revoir l’entièreté de l’usine à gaz créée par la Grande arche dans l’urgence. Le tout nouveau ministre a vite compris que les intérêts des clients et des fournisseurs ne pourraient rester compatibles très longtemps. Il a joué la carte des transporteurs, obtenant l’adhésion au principe du nouvel impôt des représentants de la profession réunis sous la bannière FNTR, contre la certitude de pouvoir compenser les prix des opérateurs. Plus tard, il a tenté de montrer sa bonne volonté en matière d’assainissement des conditions de concurrence au plan communautaire, sans parvenir à des résultats bien probants. Une conférence européenne tenue à Paris au printemps dernier a montré le problème dans toute son ampleur, sans faire ciller les partisans du libéralisme le plus débridé, tout autant membres que les autres de l’UE.

Alain Vidalies : un automne orageux en vue

Le successeur de frédéric Cuvillier, tout avocat qu’il est, aura bien du mal à trouver des arguments pour défendre le « dispositif de transit », appelé à remplacer la taxe PL au 1er janvier 2015. Les jurés se sont déjà fait leur intime conviction, le jugeant plus déstructurant encore que son prédécesseur. Les menaces de blocages pourraient-elles infléchir la ligne social-libérale affichée en matière économique par le gouvernement Valls 2 ? Source : WK Transport et Logistique